Nous avons trouvé ce témoignage sur facebook et nous avons immédiatement été très touchés par l’histoire, mais aussi par le message que porte Marie-France, la gardienne de Corleone. Nous vous invitons à lire très attentivement le fil des événements de la vie de Corleone, car nous pouvons tous y trouver non seulement un exemple de responsabilité envers son animal, mais aussi sur la responsabilité en tant que citoyen de toujours faire les vérifications nécessaires avant de prendre un chat sous son aile….
« C’était en 2010. J’avais mis des nuits à apprivoiser, en plein hiver, ce matou qui était en très mauvais état, qui n’arrêtait pas de miauler à ma porte, mais qui refusait de se laisser approcher.
Un œil amoché, une oreille croquée. Des traces de bataille et de vie dure. Un chat sauvage. À l’époque, il était tellement massif que l’attraper par la peau du cou (comme on le fait habituellement) était impossible. Ce chat-là, c’était juste du muscle ! Dur à cuir comme il était, avec sa gueule de matou mafieux, j’avais décidé de l’appeler Corleone.
Je l’avais amené à la SPA pour m’assurer qu’il n’avait pas une famille quelque part et, comme il n’était à personne, le 5 mars 2010, je l’ai adopté. On m’avait averti cependant : comme il s’agissait d’un chat sauvage, je devais m’attendre à ce qu’il s’enfuit. Il restait pourtant. Parfois, il disparaissait quelques jours mais il revenait toujours. Puis, je l’ai de moins en moins revu, jusqu’à plus du tout. Il faut dire que mes enfants étaient petits à l’époque, quand j’ai trouvé Corleone, et il n’avait aucune espèce de tolérance pour les marmots.
Premier deuil.
Mais ça allait, je me disais qu’il vivait sa vie de chat quelque part.
En octobre 2012, à l’occasion de l’Halloween et du porte à porte pour les bonbons, j’ai découvert Corleone chez des voisins. Eh oui ! Malgré le collier qu’il portait, des voisins avaient nourrit Corleone qui traînait dans le quartier et avaient décidé de le garder car il était affectueux. J’étais vraiment contrariée mais comme ces gens-là n’avaient pas d’enfants et que le mafieux semblait s’y plaire, je leur ai confié Corleone avec tous les papiers. La dernière fois que j’ai vu Corleone dans le quartier, c’était quelque part en 2012 justement.
Deuxième deuil.
Mais ça allait encore, je me disais que si Corleone avait choisi de rester dans cette maison, c’est qu’il devait s’y sentir plus tranquille.
Le 19 septembre dernier, soit 9 ans plus tard, la SPA laisse un message sur ma boîte vocale : ils ont trouvé Corleone. Il est mal en point et clairement, si on m’appelle, c’est que je suis encore considérée comme propriétaire. Ça veut dire que le transfert de l’adoption n’a jamais été fait. Je savais qu’il n’était plus chez les voisins depuis quelques années mais quelqu’un, entre-temps, l’avait sûrement recueilli puisqu’il avait un collier anti-puces autour du cou lorsqu’il a été retrouvé par la SPA à l’autre bout de la ville. Qui ? Quand ? Comment ? Aucune idée. Méchant mélange d’émotions. Je suis abasourdie, heureuse, triste, fâchée. Tout ça.
Corleone rentre donc à la maison, 9 ans plus tard, avec une grippe féline que j’arrive à traiter. Mais je me rends compte au bout de quelques jours qu’il respire difficilement. En l’amenant chez le vétérinaire, le 1er octobre, on découvre que son cœur est malade. La vétérinaire lui ponctionne une tasse d’eau dans le thorax pour l’aider à respirer un peu mieux. Mais c’est temporaire. Corleone a 19 ans. Il se déplace comme un petit vieux avec sa marchette. Sa gueule de mafieux est émacié. Il s’essouffle vite, il est mal. Samedi, le 17 octobre dernier, j’ai dû me résigner à l’accompagner… vers une autre vie de chat.
Troisième deuil et, de tous les deuils, le plus douloureux.
Parce que je n’ai rien pu faire de plus qu’être là. Il était trop tard parce qu’il avait été négligé pendant trop longtemps. Ce fut aussi une épreuve pour les enfants qui, aujourd’hui plus âgés, étaient conscients de la perte. Pendant le court mois où il était de retour à la maison, nous en avons pris soin. Mais il était fatigué et très malade.
J’avais envie de partager l’histoire de Corleone parce que c’est quand même une histoire incroyable : un chat qui réapparaît 9 ans plus tard ! Et peut-être que cette histoire pourra servir de rappel… Un animal, c’est un engagement. J’ai tenu le mien jusqu’au bout. Mais on ne m’a pas rendu la tâche facile.
SVP. Ne nourrissez pas les animaux qui semblent avoir un foyer et ne vous les appropriez pas non plus. Si vous trouvez un animal perdu, conduisez-le à la SPA. Corleone a toujours eu une micro-puce. N’importe qui qui l’aurait conduit à la SPA aurait su qu’il avait une famille pour en prendre soin. Si vous voulez adopter un animal, faites les choses bien. Enregistrez-le, engagez-vous et prenez-en soin… jusqu’au bout. »
Par Marie-France Lanoue, la gardienne de Corleone, jusqu’au bout.